Chez nous, pas de sous-traitance ! Les intervenants sont toujours les mêmes, toute l'année, en toute confiance.
On pourrait croire qu'en tant que conciergerie, nous serions mécontents de la loi "anti airbnb" votée en janvier. Cependant, nous voyons au-delà des premières apparences et percevons cette législation comme une opportunité pour notre profession. Voici pourquoi :
En régulant le marché des locations touristiques, la loi permet de maintenir un juste équilibre entre les professionnels du secteur, y compris les conciergeries, et les autres acteurs du tourisme tels que les hôtels. En limitant les pratiques abusives et la concurrence déloyale, elle favorise une répartition équitable des bénéfices du tourisme, tout en assurant la durabilité et l'équité de l'activité pour l'ensemble des acteurs concernés.
Nous ne sommes pas dans une démarche "anti" location de courte durée comme cela a été fait à New York, mais dans volonté de régulation légitime.
En instaurant des règles plus strictes et en limitant le nombre de locations touristiques dans certaines zones, la loi vise à protéger les résidents des conséquences négatives d'une fréquentation sur-touristique. En tant que conciergerie, nous nous engageons à respecter les normes établies et à contribuer à un équilibre harmonieux entre l'activité touristique et la vie quotidienne des habitants locaux.
En tant qu'entreprise locale, nous n'oublions pas que nous sommes nous aussi les habitants de la zone où nous travaillons. Nous voulons préserver ce qui plait aux touristes (et à nous) : la vie de la ville, qui est construite par ses habitants.
La conformité aux nouvelles réglementations permet à notre conciergerie de gagner en crédibilité et en professionnalisme. En respectant les normes établies, nous affirmons notre engagement envers la qualité des services offerts et renforçons la confiance de nos clients. Cela nous offre également des opportunités de diversification et de différenciation sur un marché plus régulé et concurrentiel. Nous pouvons par exemple proposer des services de ménage durant des bails mobilité avec un service d'astreinte en cas de soucis lorsque le propriétaire n'est pas sur place.
En fin de compte, les entreprises vertueuses et locales n'ont aucune raison de ne pas se réjouir de cette loi. En effet, elle permet de garantir un tourisme plus équilibré, respectueux des habitants locaux et professionnalisant pour les acteurs du secteur. À l'inverse, les "marchands de sommeil" et les pratiques abusives sont appelés à disparaître, laissant place à une activité touristique plus responsable et pérenne pour tous.
Même si cette loi va dans le bon sens, nous constatons chaque jour qu'elle est insuffisante à faire évoluer la situation et ne réponds pas à des problématiques courantes. Voici les mesures que nous aurions aimé voir adoptées :
Une meilleure application des exceptions pour les 120 jours en résidence principale
Nous avons été confrontés assez souvent à des familles qui partent 9 mois à l'étranger, ou à des personnes qui partent 1 ou 2 ans en mission humanitaire. Ils ne peuvent pas louer en longue durée le logement car cela reste leur résidence principale. Ils y passent parfois 1 ou 2 fois durant cette période pour voir de la famille. Actuellement, nous n'avons jamais réussi à faire valoir ces situations pour que les propriétaires puissent louer plus de 120 jours sur l'année civile, alors même que normalement la loi prévoit des exceptions.
La location en courte durée d'une résidence principale ne vient jamais en concurrence du marché standard car les propriétaires ont besoin de venir chez eux, et vont y retourner vivre à plus ou moins court terme. Ils devraient pouvoir louer comme bon leur semble.
Une tolérance limitée pour les résidences secondaires
A Bordeaux, l'interdiction des locations courte durée des résidences secondaires est uniquement sur la commune de Bordeaux, pas les autres de la CUB. En dehors, on peut louer autant de résidence secondaire que l'on veut, toute l'année. Parfois, cela se joue à une rue près : proche de l'hôpital Pellegrin, sur la commune de Bordeaux je ne peux pas, mais sur la commune de Mérignac je peux.
Nous sommes très fréquemment contacté en juin par des personnes qui souhaitent louer l'été avant de relouer à des étudiants en septembre, ou des personnes qui veulent louer en courte durée car le logement est en vente. Comme ce n'est pas possible, les logements restent vides, à moins que les propriétaires ne fassent les démarches fastidieuses de se mettre en résidents du logement sur cette courte période.
Pourquoi ne pas autoriser la location en courte durée des résidences secondaires en zone tendue entre deux baux ? En limitant le nombre de jours par an par exemple.
L'obligation professionnelle des conciergeries
Pour l'instant, le métier de concierge (ou gestionnaire de locations touristiques en courte durée) n'est pas règlementé et n'importe qui peut créer son entreprise dans ce domaine, sans carte G si l'entreprise ne s'occupe que de sa mission de service para-hôtelier, sans capter les loyers ni faire de baux (donc via les plates formes). Cette carte G est la carte des agences immobilières qui leur permettent de faire ces dernières fonctions (entre autres) et elles doivent justifier d'une compétence et de garantie financière pour l'avoir. Nous sommes bien d'accord que le métier d'agence immobilière et les services d'une conciergerie n'ont rien à voir, ce n'est pas le même métier.
Alors pourquoi les agents immobiliers doivent avoir une compétence pour exercer et pas nous ?
Un concierge ne fait pas que du ménage et donner les clés, sinon on appelle cela une entreprise de ménage. Il doit connaître le marché touristique, savoir faire du yield management pour maîtriser les tarifs des annonces, connaître les normes d'hygiène applicable aux structures hôtelière ou para-hôtelière, savoir former ses intervenants, avoir de bonnes notions de communication, de mercatique, de logistique des stocks... Le métier devrait donc être accessible à des personnes pouvant justifier d'un diplôme dans le domaine ou d'une expérience professionnelle.
Cela aurait pour conséquence une diminution du nombre de conciergeries mais pour une plus grande professionnalisation. Les propriétaires ne pourraient plus avoir des immeubles entiers gérés à très bas coût par des concierges non professionnels (et donc peu chers). La rentabilité des logements loués en courte durée deviendrait moins intéressante sur les logements qui justement devraient être dans le marché standard. La location courte durée deviendrait intéressante uniquement si le propriétaire doit pouvoir jouir de son logement régulièrement, ou pour des logements d'exception.
Juin 2024